Entretien avec Bertrand Vignal – agence de paysage BASE
Paysage urbain : URBANICC s’est entretenu avec Bertrand Vignal afin qu’il décrypte pour nous les différents aspects englobés par ce concept. Il nous décrit sa mise en œuvre dans le projet de renouvellement urbain de la ZAC Ivry Confluences.
Propos recueillis par URBANICC le 26 janvier 2021.
Pouvez-vous nous présenter l’agence BASE ? Sur quels autres projets similaires à la ZAC Ivry confluences intervenez-vous ?
Nous avons commencé à être connus en travaillant notamment sur les aires de jeux, souvent atypiques, comme celle du parc de Belleville, ou du Parc Blandan à Lyon. Nous explorons dans ces espaces, la question de l’apprentissage du risque pour les enfants. Ensuite nous travaillons sur de nombreux espaces publics dont la poésie de la nature, le récit et les imaginaires sont les moteurs essentiels de ces projets. Nous développons également actuellement, un bois urbain habité sur le secteur de la confluence à Lyon, véritable quartier innovant en terme de résilience climatique.
Nous sommes également en charge du projet de plan guide de la 3ème correction du Rhône sur les 160 km du Valais Suisse, dont le projet consiste à élargir au double et écologiquement le Rhône, afin de lui redonner sa dynamique naturelle tout en lui permettant d’absorber des crues de plus en plus importantes notamment en raison de réchauffement climatique.
Un projet comme celui d’Ivry Confluences, à une telle échelle, est une expérience assez nouvelle pour nous. Ce projet a la particularité de se dérouler dans un contexte d’urbanisme de l’ultra diversité, portant des valeurs identitaires exceptionnelles et exigeant un travail intense et précis de couture urbaine.
Nous travaillons également sur d’autres projets avec UapS, Anne Mie Depuydt, notamment sur le plateau de Saclay, dont nous avons la charge de la conception des espaces publics de la grande ZAC de Corbeville .Il s’agit ici de concevoir un quartier boisé, acclimaté qui s’inscrit dans un projet plus large piloté par le paysagiste Michel Desvignes.
Nous travaillons depuis l’échelle micro des aires de jeux jusqu’aux échelles larges de territoires. Ce qui relie tous ces projets, c’est cette grande question des interactions complexes à inventer, révéler entre nous et les systèmes vivants.
Avez-vous déjà travaillé avec d’autres membres du groupement ? Quel est votre rôle, plus particulièrement sur les espaces publics ?
Nous avons des expériences communes essentiellement avec uapS. J’apprécie beaucoup de travailler avec Anne Mie Depuydt car elle développe de manière assidue et poussée un urbanisme qui se démarque du plan pour favoriser une réflexion plus imbriquée avec le paysage au sens large. Elle sait retourner les situations pour amener à voir les choses autrement, en puisant dans un regard et des expériences Nord Européenne, offrant souvent une attention plus forte aux pratiques quotidiennes des habitants.
Bertrand Vignal, architecte-paysagiste de l’agence BASE
Autres projets de l’agence
Nous travaillons également sur des parcs, sur des fronts de mer, autour des notions de résilience à la submersion marine (Cayeux, le Tréport, Calais). A partir de ces études de submersion en 2065, nous esquissons des scénarios d’avenir et leurs impacts de la montée des eaux et des inondations pour orienter et décider des espaces publics de la ligne de côte dans 30/50 ans ?
Nous avons beaucoup de projets sur Lyon, par exemple au sud sur la Vallée de la Chimie. Nous sommes en charge du plan guide du développement de la vallée, développement économique et création de paysages dans un site contraint, un site industriel en fonctionnement. C’est une commande très particulière. Elle comporte un fort volet économique devant prendre en compte à la fois l’évolution des entreprises dans la transition écologique, mais aussi la nécessité de préserver l’attractivité du site pour l’industrie de la chimie à laquelle il est dédié. Sur l’autre volet, il s’agit de ramener des urbanités et des paysages dans ces milieux contraints mais également de préparer les sites aux enjeux d’ampleurs métropolitains.
Dans ce type de projets il y a peu de moyens financiers pour le paysage. Aussi nous avons mobilisé des outils diversifiés tels que le paysage productif en mobilisant des figures et des processus de paysages pouvant avoir une forte valeur économique. Pour cela, nous nous appuyons sur la filière biomasse, sur des processus de création de terres fertiles à partir de déchets terreux locaux, palliant de manière raisonnée la réduction de la ressource en terre fertile au plus près des villes. Nous avons monté un système d’appel à projets, de collaboration avec des chercheurs, pour créer dans la vallée de la chimie des « fabriques à terre ». L’idée est de créer et produire de la terre fertile en circuit court et local à partir des déchets de la métropole. Nous cherchons à promouvoir tout ce qui auparavant partait à la décharge, limons, boues de papeterie et de station d’épuration et qui, mélangés avec des gravats issus de la dépollution, donnent une matière que nous recyclons et utilisons pour les plantations Nous aimerions nous inspirer de cette expérience pour mettre en place cette démarche à Ivry, notamment dans le cadre des occupations temporaires.
Dans le groupement nous avons la mission « paysage », notion assez floue, mot magique. Il fait référence à la composition alors que je me définis davantage comme quelqu’un qui participe à l’installation de milieux de vie. Ces milieux sont complexes, bâtis, paysagés, végétaux, fertiles, aux usages divers. Comment installe-t-on le récit du quotidien du milieu de vie d’habitants aux profils sociologiques très différents ? C’est à nos yeux une des questions cruciales du paysage, comment nouer et faire interagir tous ces liens dans un nouveau milieu.
Ensuite, nous avons une mission sur le plan guide avec l’ensemble du groupement, sur lequel nous travaillons notamment sur des typologies couplées, bâtiments, milieu écologique, jardin, dont la notion de l’ivrynage est une des réponses. A partir du constat de la présence, au centre du quartier, d’énormes îlots de chaleur, Il nous a semblé important, au-delà du parc des berges, d’imaginer des îlots de fraicheur gigantesques, venant structurer la forme urbaine au centre du quartier.
Mais nous sommes en plus en charge de la réflexion et la conception des espaces publics d’Ivry Port ainsi que du parc des rives.
Dans l’élaboration des fiches de lots, aux côtés des urbanistes, nous intervenons sur les frontages urbains, c’est-à-dire sur le rapport intime qu’entretiennent les espaces publics et les rez-de-chaussée.
Le travail en commun dans l’equipe s’organise autour de tous ces sujets et plus précisément sur le dimensionnement des rues, les parcours, sur le rapport aux façades Nous trouvions que dans le précédent plan urbains, les rapports d’échelle des bâtiments, par rapport à l’espace public, les effets de seuils ou de transitions, les îlots de fraicheurs étaient bien souvent peu étudiés, aussi il nous a semblé important de réfléchir à cette question.
Grands principes de votre vision du paysage dans le projet
Comment abordez-vous les différentes séquences paysagères dans le quartier d’Ivry Port depuis la Confluence vers l’ouest, et du Nord vers le Sud ?
Je ne suis pas sûr qu’il y ait vraiment des séquences. Il y a nous semble-t-il,des diversités par macro-îlots ou sous quartiers. Cette ville est multiple, elle propose des rapports d’échelle incroyables, des parcours très diversifiés au travers d’un palimpseste de construction et d’espaces. Certains macro-îlots ont des identités claires, autour des maisons par exemple, du patrimoine industriel. D’autres sont moins constitués et seront notamment le support de la réflexion autour de nouvelles identités comme les ivrynages.
Pour mettre en relation tout cela, nous travaillons sur les parcours Est-Ouest et Nord-Sud : ils vont créer un maillage de cheminements piétons et de réseaux d’usages mettant en scène la diversité des rues et des quartiers. Notre idée est d’unifier le tissu d’Ivry Port par les parcours et par la révélation des différentes identités traversées plutôt que par la modénature de l’espace public ou de l’architecture.
Par conséquent, le projet installe avant tout, une grande mise en réseau de places, de placettes, de parvis, de squares, d’incongruités spatiales donnant au projet et au quartier une nouvelle identité de ses parcours.
Parc des confluences
Notre premier acte a été de diagnostiquer les opportunités spatiale facilitant une mise en réseau de parcelles pouvant à court moyen et long terme, constituer le socle d’un espace ouvert de grande dimension, perméable et fertile, le long des rives de la Seine et dégageant des vues très ouvertes sur la confluence de la Marne et de la Seine. C’est un acte de territoire, d’une échelle équivalente à certains grands parcs parisien de Seine. Il était essentiel aux yeux de l’équipe, de dégager et d’installer la possibilité d’une nouvelle relation plus franche et naturelle entre le quartier et la Seine, par l’installation d’un système d’espaces de parcs en réseau.
Notre mission consiste à développer ce réseau de parc. La frange du parc est hachée, coupée par des infrastructures, percolée de macro-monuments en son sein. Les halles, la grande usine du CPCU, le pont-château fort, toute un bestiaire d’objets insolites, qui mis en valeur, programmés, amèneront au parc une identité très singulière.
Espace parc-Seine
Quels en seront les éléments structurants ?
Ils ne sont pas complétement arrêtés.
Notre intuition sera de proposer un système de composition, proposant une alternance de milieux, de front boisés et de prairies ouvertes, dégageant autant des horizons sur le fleuve que sur l’intérieur du quartier.
Afin de préserver une grande tranquillité d’usages au plus proche de la Seine, les principaux parcours seront reportés le long des bâtiments de frange. En parallèle nous négocierons avec Voie Navigable de France (VNF) pour, dans une deuxième phase, occuper des berges basses. Cela sera en quelque sorte un deuxième projet pour plus tard, facilitant une réelle appropriation du bord de berge.
Nous proposons également de massivement planter d’arbres les ilots se trouvant un lisière de parc, de manière à fabriquer une frange boisée habitée, jouant un rôle de lisière fertile arborée mettant en scène les entrées dans le parc ou installant un milieu de vie habité plus proche de la nature.
Cette frange largement boisée, adossant le parc à la ville habitée, couplée à des grands parcours programmés à l’orée de cette lisière, aux grands principes d’alternances d’espaces de milieux arborés et de clairières, ponctués de constructions iconiques et inclassables, contribueront à installer un sentiment de parc et de nature sur près de 11 hectares.
Dans notre métier de paysagiste, les approches projectuelles se sont profondément modifiées : nous sommes passés d’acte classique, de parc dessiné pour l’éternité à un processus de constitution des parcs qui évoluent et s’adaptent au fur et à mesure des pratiques, des politiques, comme nous l’avons fait notamment au parc Blandan à Lyon. Cependant nous devons veiller à parfaitement installer très rapidement cette structure paysagère solide, arborée et pérenne, véritable, colonne vertébrale du projet
Quels équipements prévoir dans ce parc ?
Je distinguerai la grande structure du parc-paysage qui installera par son échelle un équipement climatique de fraicheur, des équipements d’usages que seront plus secondaire dans le parc. .
Il faut se projeter : en 2080/2100 le climat de Paris se situera entre celui de Rome et de la Calabre italienne. Aujourd’hui nous ne parvenons pas à l’imaginer. Nous ne savons pas comment les arbres vont réagir, lesquels vont survivre, comment l’urbanisme va évoluer. Ce que nous savons c’est que si nous anticipons des plantations massives d’arbres, offrant rapidement une matière végétale bien développée, notamment arborée, cela sera positif notamment d’un point de vue rafraichissement. Nous vivons aujourd’hui dans des espaces arborés qui ont entre 40 et 70 ans d’âge, comme par exemple cela est le cas pour les alignements d’arbres dans les villes. Ces quatre décennies passées sont quasiment équivalente au temps qui nous sépare de ces épisodes difficiles de températures. Il est donc nécessaire dès aujourd’hui de planter massivement, des milliers d’arbres tant dans les espaces publics que dans les espaces privés. Pour nous, cette campagne massive de plantations d’arbres ne sera ni négociable, ni ajustable, mais simplement constitutif au projet de parc et de milieux
L’arbre ne peut pas être une valeur d’ajustement. Pour le paysagiste, l’arbre est la structure principale, comme les murs le sont pour l’architecte. Ceci n’est pas négociable.
Ensuite le parc accueillera de nombreux équipements de sport, de jeu, de prairies, de mobiliers et d’espaces évènementiels ou d’appropriations spontanées.
Tous ces usages seront répartis en fonction d’un certain nombre de critères ou de dispositifs spatiaux, de lieux calmes ou plus actifs, mais également en fonction de la saisonnalité des usages.
Enfin, nous travaillerons et explorons des thématiques dont celle des espaces non genrés.
Autre question importante : où met-on les moyens dont on dispose ? Pour moi c’est un grand choix de projet :
– Va-t-on investir dans des matériaux prestigieux, ou va-ton privilégier un grand skate-park qui va animer l’espace, fédérer les gens ? C’est la décision que nous allons avoir à prendre rapidement et nous avons besoin de l’avis de tout le monde, des associations, des habitants sur les programmations du parc.
– Par ailleurs dans le cas du parc des Confluences, les choses vont évoluer dans le temps : au nord de l’Usine CPCU nous avons beaucoup de dalles béton : qu’en fait-on ? Les casser ? Les garder ? Ne reviendrons-nous pas dans 15 ans faire des aménagements plus adaptés aux enjeux du moment ? Et en attendant peut-on garder et orienter les budgets vers des aménagements structurels et arborés.
Dérèglement climatique, inondation, et pollution
Le traitement des sols : faut-il déminéraliser ? Entre le macadam et la pleine terre y-a-t-il d’autres possibilités ?
Tout le paradoxe, c’est l’incertitude de l’avenir programmatique des espaces publics. On veut à la fois de l’usage, des arbres, des espaces verts, mais aussi des sols qui se prêtent à certaines activités. Finalement tout cela entre en conflit et rapidement s’oppose et donc il faut faire des choix suivant les espaces.
Des travaux de déminéralisation coûtent vite très chers. Parfois, il n’est pas nécessaire de casser un sol mais plutôt d’essayer de l’absorber dans le projet, permettant des usages, des transitions sur le long terme Mais d’une manière générale, le projet de paysage d’Ivry Port viendra déminéraliser très fortement les espaces concernés.
Le quartier est soumis à la pollution, aux inondations et aux dérèglements climatiques : en dehors du Parc des Confluences, et des ivrynages, quelles incidences sur les espaces publics, les voiries ?
La question de la pollution se pose surtout dans les îlots bâtis qui vont être reconstruits.
Entre le parc et les ivrynages, nous sommes plutôt dans le recyclage des espaces publics : mise en réseau, mise en cohérence, création de surlargeurs, de parvis devant des halles majeures qui sont pour l’instant complétement inclues dans le tissu bâti. Donc nous venons peu toucher le sol, et donc peu rentrer en contact avec une éventuelle pollution sur les espaces de rues.
Deuxième sujet à Ivry, le plan des réseaux : il est un des plus complexes que je connaisse. C’est donc un vrai sujet : il limite la plantation des arbres et conduit à s’orienter vers une plantation opportuniste ou d’acupuncture dans les rues existantes. Nous travaillons intensément pour diagnostiquer et augmenter les opportunités de plantations, malgré cette contrainte majeure.
Afin de palier cela, nous proposons de développer les linaires des frontages paysagers avec les bâtiments. Le frontage est l’étude des contacts entre les rez-de-chaussée des bâtiments et l’espace de rues. Les rues existantes étant occupées par les réseaux limitants les plantations d’arbres et d’arbustes, il nous est rapidement apparu que nous devions trouver d’autres opportunités pour installer un paysage fertile autour des voies. Nous souhaitons prévoir du recul sur les parcelles afin de planter le bord des îlots de façon à compenser ce que l’on ne peut pas faire sur les espaces publics. Nous souhaitons également opérer des transparences, de fortes cohérences entre les plantations dans les espaces publics et les plantations des espaces privés afin d’installer un paysage traversant.
Ensuite il y a ce que nous appelons les opérations commandos qui consistent à décrouter très localement des enrobés pour planter des plantes de reconquêtes : par exemple dans certaines villes on découpe l’enrobé sur 30 cm le long des façades et on plante, des roses trémières, des grimpantes. C’est la ville qui découpe et fournit les graines, ensuite c’est la copropriété qui suit la croissance et l’entretien. A Lyon 7ème, à Nantes, cela marche assez bien. L’idée c’est de venir recomposer un petit paysage du quotidien où se sent cette appropriation, une domesticité. En complément, au pied de grands systèmes d’alignements d’arbres existant, nous ne nous interdisons pas de décrouter le sol pour le remplacer par des pavés perméables. Les arbres ne s’en porteront que mieux.
Espaces publics et mobilier urbain
Quels espaces récréatifs et sportifs prévoyez-vous ? Où seront-ils situés ? Le nouveau plan des espaces publics est-il disponible ?
Nous sommes en train de produire un plan des espaces publics qui est en cours de finalisation, c’est un plan guide. Nous n’avons pas encore mené pleinement les études préliminaires sur les espaces publics.
Nous essayons de distiller, le long des parcours, le programme des usages, notamment mobiliers ou espaces sportifs sur les espaces publics, plutôt que de faire de grandes plateformes qui seraient difficiles à réaliser dans un tissu urbain déjà bien constitué. Les cœurs d’ivrynage que nous n’avons pas encore développés pourront accueillir des espaces récréatifs et sportifs. Il faut les programmer pour sécuriser leur accessibilité publique et libre sur le long terme. Ce sera l’un des grands enjeux.
En lien avec l’idée de favoriser les appropriations spontanées, nous avons inventé ce terme de « mobilieux », des mobiliers-lieux, qui doivent répondre à des fonctions non déterminées mais qui peuvent être investis de diverses manières : faire un goûter d’anniversaire à 15 gamins, faire de la danse, du yoga, juste se poser tout seul, se mettre à l’ombre, au soleil suivant qu’on y est le matin ou le soir. Ce sont des objets qui peuvent ponctuer les espaces publics et qui doivent être dessinés par rapport à une situation donnée et proposer une dimension assez importante capable d’accueillir des familles.
La question de la pratique des espaces publics par les enfants et adolescents nous intéresse beaucoup, elle est importante dans cette ZAC qui va accueillir de larges programmes de logements familiaux. C’est vraiment porteur d’imaginaire.
Aussi, il faut trouver le moyen de répartir les espaces qui les concernent de manière assez égalitaire, en les disséminant et en leur donnant des formes et des programmes variés.
Ce sont surtout les rencontres avec la population et le travail de Stéphane Juguet qui va nous y aider. C’est la concertation de terrain qui va nous faire remonter les demandes des habitants et nous aider à confronter nos intuitions au réalisme du site et de sa pratique du quotidien.
Le recyclage des matériaux est-il un objectif que vous poursuivez ?
Nous sommes très intéressés par le recyclage des matériaux. Par exemple, il existe un grand nombre de pavés sous voirie que l’on peut recycler. Ce sont des pavés parisiens qui constituent une très belle matière. Accompagnés de joints de sable, ils peuvent donner de très beaux résultats très pérennes.
Ces pavés peuvent créer une identité parisienne des espaces publics.
Le parti du recyclage est à relier à la question du bilan carbone. Si on recycle, si on utilise de la pierre, le bilan peut être assez positif. Si on utilise du béton, ou de la terre, qui vient de très loin, il sera plutôt négatif. Nous serons très vigilants sur cette question.
J’aimerai bien que nous ayons une méthodologie rigoureuse pour faire des choix dans l’aménagement des espaces publics et du parc guidés par le bilan carbone. Nous avons beaucoup à apprendre.
En conclusion
Prévoyez-vous des « victoires rapides » pour rendre le quartier plus agréable, plus respirable ?
Dans le parc, il faut rapidement préfigurer des éléments. Nous y réfléchissons pour cet été et des espaces ouvriront rapidement.
C’est avec Stéphane Juguet que nous allons définir un plan d’actions à court terme. Si on veut faire des actions réalistes, fortes, l’urgence c’est de planter. A Ivry Port, c’est ce qui manque. C’est assez aride. Plantons déjà sur des petites surfaces, quitte à transplanter après et de travailler avec les différentes phases de réalisation de la ZAC et du parc.
Pour l’instant rien n’est décidé. L’étude préliminaire apportera des éclairages sur tous ces sujets.
Il est intéressant d’occuper temporairement l’espace avec des éléments qui ont du sens. Soit dans le processus : fabriquer de la terre, fabriquer des plantes, etc., soit en préfiguration d’usages que nous pourrions tester.
Le mot de la fin ?
Notre agence croit au processus dans lequel nous sommes tous très engagés. Nous ne nous orientons pas vers un projet figé. Nous essayons d’être agiles dans le processus de constitution du projet, plus à l’écoute des gens. J’ai peu de certitudes sur le projet, elles portent sur certains invariants : les arbres, la fertilité du sol, l’acclimatation, la quotidienneté, les frontages, les parcours du quotidien, etc. Voilà mes certitudes dans ce projet, c’est d’installer un matrice paysagère solide, la colonne vertébrale qui accueillera les différentes temporalités du projet, tout en étant garant de sa cohérence. Ensuite, les choses vont évoluer au fur et à mesure des études et de la concertation. C’est la méthode que mettons en place.