Passage de la Minoterie : suite et fin ?

Réunion publique du 11 janvier 2022 sur la question des espaces publics à la Minoterie et rue des Lampes : quelles réponses apportées aux problèmes soulevés par les habitants ?

Depuis plus de un an et demi, les habitants du Quai aux Grains, auxquels se sont joints quelques mois plus tard ceux du Val et de la Minoterie, interpellent la ville sur les nuisances et les incivilités que génèrent l’usage intensif  de l’espace public au pied de  leurs immeubles. Cet espace de la Minoterie, très minéral, connaît en effet une très forte fréquentation, jouant un rôle tout à la fois de passage, de square, d’aire de jeux de proximité et de lieux de rassemblement des jeunes du quartier. Les habitants mettent en cause d’une part un défaut de conception de l’aménagement de ce square/passage et d’autre part une insuffisance criante d’espaces publics de proximité, récréatifs et de détente.

Lors de la réunion publique d’octobre dernier, les habitants du Quai aux Grains, du Val, de la Minoterie et de la rue des Lampes ont  pu confronter leurs points de vue d’usagers et de résidents, et la ville a annoncé que pour détendre la pression sur l’occupation du square de la Minoterie, elle envisageait de réaliser un aménagement provisoire rue des Lampes, comme le suggéraient les habitants. Elle s’est alors engagée à revenir devant les habitants rapidement avec des propositions.

Aussi le 11 janvier dernier, la ville, représentée par des élus, adjoints et représentants de quartiers, et les services concernés, et la SADEV, sont-ils venus présenter aux habitants, nombreux à s’être déplacés, les solutions qu’ils envisagent ?

Square de la Minoterie : les solutions présentées n’ont pas convaincu les habitants.

Pour le square de la Minoterie, la proposition se limite à l’installation d’une clôture de 1,10 m de haut avec tourniquet : au nord (côté boulevard de Brandebourg) après les bancs-lettres et au sud (côté rue Rigaud), du coin de la maison jusqu’à l’entrée du cabinet du dentiste et du Quai aux Grains. Cette solution, argumentent les services et les élus, permettra d’empêcher le passage des deux roues, de couper l’espace utilisé pour des jeux de ballons, tout en  libérant l’entrée du dentiste et du Quai aux Grains (problèmes d’accès pompier et de livraison), et tout en ne réduisant pas trop l’espace autour de l’aire de jeux occupée par l’avion.

Les habitants, plus particulièrement ceux qui sont le plus victimes de cette situation, ont manifesté avec véhémence leur déception face à ses propositions. S’ils adhèrent au blocage de l’entrée au nord, ils contestent le tracé de la clôture au sud, doutent de l’efficacité de la solution présentée et par ailleurs ils ne trouvent pas de réponse à l’ensemble des problèmes soulevés :

• L’aménagement proposé ne résoudra pas les nuisances nocturnes qui entrainent une vraie souffrance pour les résidents concernés.
• Concernant l’aire de jeux dont le positionnement encaissé crée une effet de résonnance qui amplifie les nuisances, pourquoi ne pas l’adapter à la Petite Enfance en remplaçant l’avion inapproprié pour cette tranche d’âge et en la clôturant ? Ce point plus particulièrement semble être partagé par les habitants.
• Pourquoi ne pas créer une bande végétalisée devant le cabinet du dentiste pour limiter les jeux de ballons et réduire les surfaces minéralisées ?
• Ne peut-on envisager d’autres mesures qu’une clôture pour réserver, comme les riverains le demandent, l’accès du passage aux piétons et aux cyclistes et interdire celui des deux roues motorisés ?
• Pourquoi ne pas arrêter l’éclairage nocturne à 22H autour de l’aire de jeux, investie la nuit par les jeunes ?

Les élus s’en remettent à l’expertise de leurs services techniques et se sont montrés peu ouverts à l’exploration des pistes évoquées par les habitants. Par ailleurs ils estiment que les nuisances nocturnes évoquées ne se résoudront pas par des aménagements, mais relèvent de solutions dans le cadre de la  tranquillité publique et du vivre ensemble. Un travail avec les médiateurs, les services et élus concernés devrait être engagé.

Les réunions sur site prévues permettront-elles, avant toute décision définitive, de poursuivre un dialogue plus constructif entre l’expression du vécu des habitants dans leur diversité et l’approche technique de la ville ? Pour l’instant les habitants ont eu le sentiment que leurs problèmes de vie quotidienne créés par des erreurs d’aménagement n’ont pas été pris en considération à la hauteur de leurs attentes.

L’aire de jeu « provisoire » de la rue des Lampes : vers une démarche de co-construction ?

Les travaux d’aménagement ont démarré par la création d’une aire multi usages en sol stabilisé, clôturée. Ces travaux en cours permettront de mettre à disposition rapidement une aire pour les jeux, notamment de ballon, tout en lançant une démarche de co-élaboration avec les futurs usagers de l’aménagement du reste du terrain de 600 m2.

L’objectif présenté par la ville est d’encourager sur ce lieu des pratiques libres et des projets éphémères, et de laisser ouvertes les formes d’appropriation par les habitants. La démarche de co-construction sera animée avec l’appui de What Time is IT et fera appel à des interventions d’étudiants – architecte et d’artistes. Elle visera à associer tous les habitants du quartier et les écoles.
L’aménagement de cette aire est prévu pour 4 ans, le temps que l’urbanisation de l’Ivrinage des Lampes se concrétise (Terrain Axelis+) et permette son transfert dans le jardin de cœur d’îlot prévu. Cette expérience de lieu éphémère, en attente de la réalisation des opérations de la ZAC, se renouvellera sur d’autres secteurs.

Si les habitants se sont montrés très intéressés tant par la démarche que par ses objectifs, ils ont attiré l’attention sur certains risques et ont commencé à faire des suggestions :

• Les aménagements doivent prévoir des usages multiples pour tous les âges, avec des espaces assez naturels, pouvant susciter l’imaginaire.
• Il faudrait éviter des aménagements genrés et le risque d’appropriation du lieu par les seuls 10/15 ans
• L’association des enfants pourrait se faire tout au long du processus depuis la réflexion jusqu’aux travaux.
• Comment éviter que les nuisances ne se déplacent vers la rue des Lampes, s’inquiètent des riverains ?   
• La circulation sur la Rue Rigaud étant intensive, il est impératif que soient bien gérés les problèmes de sécurité :  clôture pour contenir les jeux de ballons, sas pour éviter une sortie directe sur la rue.
• Pourquoi cette aire de jeux/détente ne s’étend pas sur tout le terrain disponible le long de la rue des Lampes ? (l’aménageur n’en maîtrise pas encore la totalité a répondu la ville).
• Les habitants souhaitent avoir une meilleure visibilité sur l’aménagement du futur jardin de remplacement qui sera permanent.
• Pourquoi ne pas ouvrir davantage le stade Lénine aux adolescents ?

Les échanges se sont donc déjà engagés sur ces aménagements qui vont devoir répondre à une diversité d’attentes et de besoins d’espaces publics de proximité qui vont croissants avec l’arrivée de nouveaux habitants. Depuis plusieurs mois les collectifs d’habitants demandent, en vain, des réunions publiques sur le nouveau schéma des espaces publics et des espaces verts de la ZAC, socle de tout projet d’aménagement. Les dysfonctionnements constatés à la Minoterie sont la conséquence d’un manque d’anticipation du besoins de ces espaces, ce qui ne permet pas au « vivre ensemble » de se développer dans les meilleurs conditions. Des enseignements en seront-ils tirés pour la construction des futures unités de voisinage ?

[24/01/2022] Complément du « collectif quai aux grains »
Le collectif du Quai au grains maintient sa demande d’une barrière sud parallèle à la rue Rigaud qui relie l’extrémité du Bât L soit l’extrémité de la crèche au mur la maison en meulière. Car la proposition de la barrière de la mairie ne répond pas aux besoins d’empêcher, entre autres, les jeux de ballons entre leur barrière et la rue Rigaud et ne répond pas à la nécessité de sécuriser l’accès à la rue Rigaud pour les enfants.