Repenser les aménagements – Passage de la Minoterie – Quartier Ivry-Port

Retour sur la réunion du 27 novembre 24

La gestion du bruit généré dans l’espace public est pourtant une question de santé publique dont les mairies doivent absolument se saisir aujourd’hui.

La réunion de concertation du 11 octobre 

Le collectif Minoterie Zen, à l’occasion d’une réunion de concertation qui s’est tenue en octobre dernier, s’est projeté dans le passage de la Minoterie idéal, en esquissant des principes de réaménagement, et voici un extrait des présentations qui ont été faites.

La réunion de travail du 27 novembre 2024

Cette réunion du 11 octobre, organisée en grand comité a donné lieu à une autre réunion sur site le 27 novembre, cette fois-ci en comité plus restreint. En présence de trois élus concernés par les problématiques adressées (espaces verts, tranquillité publique, et quartier Ivry-Port), une représentante du cabinet du maire, deux représentantes des usagers du square et deux représentants des riverains (non moins usagers du square), des échanges ont eu lieu pendant 1h30 sur site, il a été question :

• Pour les représentants des usagers du square, d’exprimer leur besoin en termes d’espaces récréatifs dans le quartier, ainsi que le cadre de leur fréquentation du square. A noter : Les logements des deux personnes ne donnant pas sur le square, il est posé dès le départ de la réunion que les nuisances ne sont pas subies de leur côté. Dans le compte rendu de cette première réunion rédigé par la mairie, l’intérêt de l’espace pour les enfants et familles est rappelé, notamment en été, lorsqu’il fait trop chaud dans les logements.

• Pour les représentants des riverains, habitants du square : il était important d’établir le constat des divers mésusages et  nuisances subies dans l’enceinte du passage, pour poser les bases sur lesquelles les futurs ateliers de travail pourront s’appuyer pour faire évoluer les usages. Les représentants des riverains habitants du square ont expliqué les conséquences du bruit émergeant jusqu’à leur intérieur et la manière dont ils doivent adapter leur quotidien (en portant un casque anti-bruit à l’intérieur de leur appartement, notamment en été, lorsqu’il fait trop chaud dans les logements !) pour subir cette nuisance le moins possible. On note que leurs témoignages ne sont pas rapportés dans le compte-rendu rédigé par la mairie.

• Pour les représentants de la Mairie, Il était important de poser dès le départ ce qui a été appelé Les Invariants du passage, autrement dit les éléments sur lesquels la municipalité ne bougera pas. C’est donc comme cela que la concertation commence, on sait dès la première réunion que le blocus sera fait sur les points les plus critiques. En résumé :
  • Les horaires d’usage de l’espace récréatif ne seront pas réglementés, car l’espace doit selon eux rester public H24, pour “favoriser la rencontre, la convivialité, et créer de la mixité.” Y compris la nuit ?
  • L’équipement ludique (autour de l’avion) ne sera pas déplacé, cet équipement ne présentant aucun problème de sécurité selon l’adjoint aux espaces verts et l’adjoint délégué au quartier. Il n’y a aucune raison de le déplacer. Il y a pourtant tellement de raisons de le faire, car c’est cet équipement aujourd’hui qui catalyse la fréquentation du site et génère du bruit. Rappelons que Romain Marchand, 1er adjoint au maire, avait déclaré publiquement le 11 octobre dernier être ouvert à la discussion sur ce point.
  • Les riverains du passage doivent s’approprier l’espace de la Minoterie, l’occuper autant que les usagers. Cette dernière théorie est plutôt compliquée à appliquer en pratique. Il n’est absolument pas question d’entrer en conflit entre ivryens pour laisser les élus compter les points. Il n’est pas question de dégrader les équipements en place, car il ne s’agit pas de pénaliser les utilisateurs du site, qui ont besoin de ces équipements (mais à un endroit adapté, on le répète). Il n’est pas question de faire le travail des médiateurs que la Mairie ne planifie pas sur la zone suffisamment souvent. Alors qu’est-ce que ça veut dire s’approprier l’espace, en tant que riverain ?

Ces premiers éléments de réponses ne reflètent pas les propos tenus par Romain Marchand, 1er adjoint au maire à l’issue de la réunion du 11 octobre (à laquelle l’adjoint aux espaces verts n’a pas participé), prêt à admettre les erreurs commises, rectifier le tir et travailler de concert avec les riverains à des solutions acceptables pour tous… Qui croire ?

Pour un espace public apaisé à la Minoterie

Pour le collectif Minoterie Zen, le bruit doit être réduit le long du passage et dans les alcôves pour revenir à un environnement apaisé. Seule l’évolution des usages de ces espaces permettra la diminution de la fréquentation du site, et donc des émergences sonores subies aujourd’hui. L’évolution des usages passera forcément par un réaménagement des espaces. Les erreurs d’aménagement de l’espace public commises par la SADEV 94, missionnée par la Mairie d’Ivry, doivent être réparées au nom du bien vivre ensemble, pour le bien être de tous.

• Le passage de la Minoterie doit en effet rester public, car sa fonction de passage, entre la rue Rigaud et le boulevard de Brandebourg est nécessaire, le collectif de riverains accepte cet  invariant. Surtout si le collège Assia Djebar ouvre en septembre prochain, comme le Maire d’Ivry l’a annoncé au dernier Conseil Municipal. En effet, ce qui était initialement pensé comme un passage doit le redevenir. Les usages de l’espace public doivent cependant être réglementés, pour des raisons évidentes de vivre-ensemble. Il est nécessaire de poser le cadre d’utilisation de l’espace public. Cela passe par de la médiation, de la signalétique et une fermeture des espaces-alcoves la nuit, comme c’est déjà le cas dans d’autres espaces verts ivryens. Nous le répétons, surtout si le collège Assia Djebar ouvre en septembre prochain, car le passage sera encore plus fréquenté qu’aujourd’hui et d’autres mésusages s’y ancreront inévitablement.

• Les nouveaux espaces verts à venir (à savoir, les timides marquages au sol de la Plaine Gambetta, le futur jardin partagé Marsha P. Johnson, entre les rues Rigaud et Jaurès, le parvis de l’école R. Franklin)  ne suffiront pas à désengorger la fréquentation du square de la Minoterie. Ces solutions de proximité proposées actuellement ne sont ni suffisamment attractives, ni suffisamment fonctionnelles. Elles ne concurrenceront pas le Square de la  Minoterie, surtout si son aménagement actuel reste en l’état. Et en ce qui concerne le futur parc de la ZAC Confluences, on ne peut pas le considérer comme un espace vert de proximité pour les utilisateurs de la Minoterie.

• Avec une population ivryenne qui ne cessera d’augmenter dans les années à venir, si l’on en croit les programmations immobilières en cours, l’espace public doit être repensé, les dégâts acoustiques créés par la bétonisation galopante des programmes immobiliers doivent être anticipés par les urbanistes et les paysagistes. Le concept d’Ivrynage, tel qu’il a été imaginé ces dernières années, doit être remis en cause, les parcelles (îlots) dédiées à ces espaces sont trop restreintes en termes de superficie et cela pèse lourdement sur le quotidien du voisinage direct.

Quelques perspectives à envisager, mais la route sera longue…

• Les invariants posés par l’adjoint aux espaces verts ne peuvent pas être acceptés par le Collectif. En effet, l’espace récréatif tel qu’il est aménagé aujourd’hui est source de bruit. Les équipements actuels, à savoir l’avion ludique et le brumisateur, génèrent beaucoup d’activités et catalysent les émergences sonores. Il sera pertinent d’envisager un déplacement de ces équipements sur des ilôts adaptés à leur implantation. Et pourquoi pas la Plaine Gambetta, que cela rendrait indéniablement plus attractive pour les usagers ? L’idée n’est pas de reporter le problème sur d’autres logements. Cette nouvelle implantation nécessiterait que le cadre d’utilisation de l’espace soit posé.

• L’option semblant pouvoir se dessiner à court (ou moyen) termes est le réaménagement de la parcelle récréative située rue des Lampes, aujourd’hui clôturée et laissée en friche depuis des mois. Tout le monde est d’accord pour dire que l’espace tel qu’il se présente aujourd’hui est un échec. Une piste se dessine de ce côté, qui ne pourra fonctionner que si le périmètre est agrandi au-delà des palissades en place actuellement, ce qui permettra, on l’espère, l’aménagement d’un terrain de foot (avec cages à foot et filets pare-ballons). Cela ne fonctionnera que si l’espace est rendu plus attractif que le secteur de la Minoterie. Un travail doit également être fait sur l’axe routier de la rue Rigaud, avec des ralentisseurs pour sécuriser la traversée des enfants.

• L’option long terme (dans combien d’années exactement ?) que le collectif souhaiterait pouvoir considérer est le terrain occupé actuellement par la société Axelis, parcelle limitrophe à la rue des Lampes et à la rue Rigaud. Cette parcelle, faisant face à la résidence Lumen, une fois qu’elle sera libérée des entrepôts qui l’occupent, est LA solution alternative de proximité à l’espace récréatif de la Minoterie. Tout pourrait y être fait, des terrains de jeux de ballons, mais aussi des espaces multi-disciplinaires pour des activités plus calmes pour les familles. La parcelle est suffisamment spacieuse pour éviter l’encaissement acoustique et reporter le problème actuel de la Minoterie sur les résidences Le Val et Lumen.  La balle est dans le camp de la Mairie et de la SADEV. Les riverains du passage de la Minoterie seront-ils entendus ?

Aujourd’hui, où en est-on ?

Du côté de l’équipe municipale, même si les erreurs d’aménagement et les échecs sont timidement admis par certains, on ne semble pas remettre en cause les décisions prises il y a 10 ans, ni mettre les moyens pour tenter de maîtriser les mésusages de l’espace public dans un quartier qui va inévitablement continuer à voir sa population augmenter. Les nuisances évoquées par les riverains sont minimisées (notamment  par l’adjoint délégué au quartier Ivry-Port), leur souffrance est contournée, les équipements en place ne seront pas revus.

Si l’on se tourne vers les utilisateurs du square, ils ne semblent pas enclins à changer leurs habitudes, et c’est à juste titre, n’ayant pas de raison particulière de le faire, rien d’autre ne leur étant proposé en termes d’espace public de proximité à Ivry-Port, aucun cadre d’utilisation n’étant posé dans l’espace en question. Alors pourquoi faire autrement ?

La démarche des riverains du passage de la Minoterie, à travers le propos du collectif Minoterie Zen est pourtant légitime. La désapprobation des riverains ne cesse d’augmenter. Le sénateur Salvodelli, riverain du quartier a lui-même communiqué au collectif son soutien à la démarche. Des solutions simples pourraient être mises en place rapidement. Cette équipe municipale est-elle capable de passer à l’action en faveur d’un réel vivre ensemble ? En attendant, le cabinet dentaire implanté au Quai aux Grains jette l’éponge, et annonce son départ de la Minoterie au 31 mars.

Aujourd’hui, le calendrier de travail n’est pas communiqué. L’équipe municipale a partagé un court compte rendu de la réunion du 27 novembre. Le document,  n’est pas toujours très lisible, et ne présente ni signataire, ni logo Mairie d’Ivry. Quelques débuts de propositions y sont reportés : végétalisation supplémentaire autour de l’avion, étude de déplacements de bancs, étude d’ajustement de l’éclairage, passage des médiateurs, communication sur les futurs nouveaux (anciens) espaces, mise en place de cages de foot sur l’espace rue des Lampes… Le collectif des riverains ne se décourage pas, et reste volontaire. Il continue sa réflexion et ses actions. Mais la route sera longue, et l’on peut craindre que l’été 2025, soit toujours plus bruyant aux alentours de la Minoterie…

16 janvier 2025

Annexe 1 : C’est quoi Minoterie Zen ?

Annexe 2 : La carte des nuisances recensées autour du passage présentée par les riverains :