L’analyse du collectif URBANICC et de l’association LAPIC.
Projet phare dans ce quartier en pleine mutation, il doit initier la fin du vaste terrain vague, laissé par la destruction des entrepôts BHV, débutée en 2011.
Ce projet arrive en plein débats sur les nouvelles façons de faire les équipements publics afin de répondre aux enjeux de la ville de demain : capacités d’adaptation au changement, enjeux climatiques, espaces de vies respirables et confortables, intégration dans les mobilités douces, ville durable.
La description du projet, fournie par le service de l’urbanisme de la ville, ne montre aucune ambition pour répondre à ces enjeux essentiels.
Au contraire :
- très forte densité : capacité d’accueil de plus de 1.500 personnes sur une surface plus petite qu’un terrain de foot,
- projet très minéral : 16% de surfaces pondérées végétalisées. Bien en-dessous des 30% exigés pour les autres projets immobiliers de la ZAC,
- gestion de l’ensoleillement très discutable,
- nombre de place de stationnement vélos très faible, en particulier, car les logements étudiants ne sont pas considérés comme du logement, mais comme établissement public,
- projet compatible avec les principaux schémas, plans et programmes en vigueur sur le territoire, mais ceux-ci ne sont que des minimums.
Le groupe scolaire et le gymnase vont jouer un rôle central en rythmant la vie de ce quartier. Le projet semble avant tout répondre à une logique de forte densification. Un manque de vision, ou plus simplement un projet fait à l’économie, sans souci du bien-être des utilisateurs : enfants et étudiants pour l’essentiel. De surcroît, la ville d’Ivry-sur-Seine s’autorise à réduire à rien la végétation, alors que la nature dans la ville est la première demande des habitants.
Le projet immobilier
Il comprend, sur un terrain de 6.400 m2 :
- 280 logements étudiants (Surface De Plancher : 8.339m2)
- 2 écoles (10 classes de maternelle et 15 classes d’élémentaire), 1 centre de loisirs et 1 espace de restauration : 750 élèves + 100 adultes (SDP 5.696m2)
- 1 gymnase d’une capacité 400 personnes (SDP 2.143m2)
- commerces (SDP 270m2)
Notre analyse critique :
Ecologie
- le dossier évoque une architecture bioclimatique – mais en réalité, le traitement superficiel indiqué tient plus d’une argumentation marketing.
- projet minéral avec seulement 16% de surface pondérée végétalisée.
- pas de volets extérieurs (non mentionné dans le dossier) : pourtant solution passive très simple et extrêmement efficace pour empêcher la chaleur du soleil d’entrer.
- la cour de récréation de l’école maternelle se situe sur le toit du gymnase – en plein soleil une bonne partie de la journée. Les solutions de protection solaire proposées sont très modestes.
- à l’inverse, la cour pour l’école élémentaire est en RDC, et ne sera presque jamais ensoleillée.
- seuls 110 emplacements vélos au total, pour une population pouvant dépasser 1.500 personnes.
Ecoles et centre de loisir
- parvis minéral.
- pas de square, avec des jeux pour enfants, accessible sans traverser une route.
- école maternelle située en étage – regrettable pour des enfants en bas âges à partir de 2 ans, et difficultés supplémentaires en situation d’évacuation d’urgence.
- rien n’est prévu pour un éventuel dédoublement des classes (en classement REP par exemple)
- cour de récréation élémentaire enclavée → exposition au bruit et source de nuisances sonores importantes.
- cour de récréation maternelle en vue directe et plongeante des logements étudiants.
- dépôt des enfants par voie routière : pas de dépose minute prévu.
- 1 seule place de parking pour les 100 adultes du groupe scolaire.
Gymnase
- le gymnase, seul équipement sportif sur le secteur, ne comporte qu’une seule salle.
- est-ce suffisant pour compenser la destruction du gymnase de l’Orme au Chat ?
- Il doit pouvoir accueillir des compétitions – mais aucune place de stationnement pour autocar n’est prévue.
Aspect architectural
- problème de densité
- choix et qualité des matériaux qui semblent non qualitatifs
- aucune cohérence d’ensemble avec les projets immobiliers voisins
- surface commerciale réduite à une proportion très discutable sur un secteur qui va accueillir beaucoup de monde
- création de faisceaux paysagers limités à la réglementation
- la forme du projet paraît en contradiction avec les orientations du plan guide
Concertation
La concertation avec les habitants se résume au strict minimum :
- une présentation publique superficielle,
- une enquêtes publique, dont nous regrettons qu’elle se déroule en pleine période de vacances estivales, et sans avertissement préalable.
Nous déplorons que les habitants du quartier n’aient pas été intégrés dans la réflexion de ce projet.
Questions et remarques
- l’arrivée de nombreuses familles est programmée depuis le début de la ZAC Ivry Confluences – pourquoi faire ce projet en urgence pour y répondre ?
- parvis mutualisé avec le futur marché – compatibilité des usages différents d’un même espace sur un même créneau ?
- Planning volontairement très serré pour une ouverture de l’école à la rentrée 2021 : fort impact sur la qualité de construction.
- 32 places de parking au total – très faible dans un secteur à fort déficit de places de proximité.
Note
Cette analyse se base sur des éléments issus du dossier, mis à disposition du publique par le service d’urbanisme de la ville d’Ivry-sur-Seine.
[article publié le 28/08/2019]